Paul-Émile Borduas
Paul-Émile Borduas est l'une des figures les plus importantes de l'art moderne canadien. Chef de file du groupe connu sous le nom des Automatistes, il a développé un style spontané de peinture non figurative. Borduas est l'auteur principal du Refus Global, un manifeste influent appelant à la liberté d'expression, signé par de nombreux artistes et intellectuels québécois de premier plan.
Borduas a passé la première partie de sa carrière à travailler principalement comme décorateur d'églises et enseignant. Enfant, il avait développé très tôt une admiration pour le travail d'Ozias Leduc dans l'église de Sainte-Hilaire, et il est devenu son apprenti en 1921, à l'âge de seize ans. Au cours des sept années suivantes, Borduas continue d'assister Leduc dans la décoration d'églises tout en suivant des cours à Montréal à l'École technique et à l'École des beaux-arts.
En 1928, après une brève période d'enseignement dans des écoles primaires de Montréal, Borduas se rend en France, où il étudie la peinture décorative d'églises sous la direction de Maurice Denis et Georges Desvallières à l'École des arts sacrés de Paris. Il revient à Montréal en 1930, où il travaille à nouveau pour Leduc et enseigne. En 1937, il obtient un poste de professeur à l'École du Meuble, où il reste jusqu'en 1948 ; parmi ses élèves figurent Jean Paul Riopelle, Marcel Barbeau et Roger Fauteux. Lorsque la Société des arts contemporains est fondée en 1939, Borduas est élu vice-président.
C'est sa découverte du surréalisme qui marque un tournant dans la carrière de Borduas. Il lit les œuvres d'André Breton, qui définit le surréalisme comme « l'automatisme psychique pur », et commence à expérimenter la gouache dans des œuvres non figuratives. L'exposition de ses premières œuvres surréalistes, organisée en 1942 au Théâtre de l'Ermitage de Montréal, a reçu des critiques élogieuses. L'artiste a rapidement appliqué ses expériences à la peinture à l'huile et a exposé aux côtés de Riopelle, Barbeau, Fauteux, Pierre Gauvreau, Fernand Leduc et Jean-Paul Mousseau, un groupe baptisé les Automatistes. Lorsque Borduas publie le Refus global en 1948, ses attaques contre le catholicisme et le nationalisme provoquent un tollé dans les médias, et il est sommairement renvoyé de son poste d'enseignant à l'École du Meuble.
Le déménagement de Borduas à New York en 1953 a été très important pour son développement artistique, car il a pu y découvrir le travail des artistes de l'école new-yorkaise de l'expressionnisme abstrait, notamment Jackson Pollock, Franz Kline et Mark Rothko. C'est là qu'il a commencé à utiliser exclusivement un couteau à palette pour appliquer la peinture et qu'il s'est intéressé à la lumière et à l'espace. En 1955, il s'installe à Paris, où il continue à peindre, à écrire et à voyager, malgré une santé déclinante.
L'œuvre de Borduas témoigne d'une évolution stylistique marquée. Ses premières œuvres figuratives, avec leurs éléments décoratifs et romantiques, montrent l'influence de Maurice Denis. En 1937, bien qu'il continue à produire des œuvres figuratives, il met davantage l'accent sur la structure et les qualités plastiques de la peinture. Au cours des dix années suivantes, l'artiste s'oriente également vers le surréalisme et l'automatisme. Dans ses dernières années, Borduas a aussi mis l'accent sur la forme classique de l'abstraction.
Paul-Émile Borduas a fait l'objet d'innombrables expositions internationales, tant de son vivant qu'à titre posthume, et a donné son nom au Prix Paul-Émile Borduas décerné chaque année à un artiste visuel québécois distingué.